S’il y a bien un moment que j’ai détesté lors de ma formation en coaching, c’est lorsque l’on m’a qualifié de discrète.
Ce n’était pas la première fois que l’on me qualifiait de discrète. « Élève discrète, gagnerait à participer plus en classe », « C’est une belle femme, toute en discrétion ». Dans aucune de ces situations le mot discret n’était valorisé, au contraire.
Discret, discrète : adjectif (latin discretus, de discernere, séparer) Qui agit avec réserve dans ses relations avec autrui, qui veille à ne pas gêner les autres, à ne pas s’imposer.
C’est monté doucement. Le temps que le mot infuse dans mon esprit et se lie au travail introspectif que je faisais à ce moment-là. J’étais hors de moi. Pour les personnes qui me connaissent bien, hors de moi signifie que les mots « je suis en colère » sont sortis de ma bouche, d’un ton tranchant, le visage fermé, les rides du lion bien creusées (mais pas trop, parce que ben… ça marque), et à peu près le même volume sonore que lorsque je dis « bonjour ! ». Pour celles qui ne me connaissent pas, hors de moi se lit dans un regard perdu, dans le vague, la langue bien dans ma poche, pliée soigneusement en quatre. De toute manière, c’est tellement le feu dans ma tête et dans mon corps que je serais incapable d’articuler une phrase. Le feu, ou plutôt la neige carbonique de l’extincteur/cœur qui s’est propagée instinctivement pour prévenir ledit feu. La neige dans la tête et le corps, assourdissant et dense.
Discrète donc.
Le travail identitaire et introspectif que je faisais à ce moment-là sur ma légitimité en tant que coach s’est fissuré jusque dans ses fondations. « Discrète » a fait ressortir « Bulle », mon alter ego peu flatteur, celle qui n’existe pas, qui est vide comme l’air, transparente et légère. Et peut-être aussi mon alter ego grenouille, celle qui est au centre même des poupées russes de cadres sociaux auxquels elle s’est conformée.
J’étais admirative de mes formateurs-coachs. J’étais intimidée par ces coachs en devenir. Solaires pour certains, rugueux pour d’autres, mais tous vifs et pertinents. Et leur entrain me renvoyait à ma prévenance, mon besoin d’infuser, de réflexion, à ma discrétion donc. Et lorsque je me mettais au défi de me montrer plus chaleureuse, et bien le soufflé retombait vite car la fatigue engendrée par ce rôle prenait le pas sur ma nature réelle, et bien souvent, je finissais par dire quelque chose d’embarrassant. Et retour à la discrétion.
Puis, l’univers a mis sur mon feed le TED Talk de Susan Cain : the power of introverts. L’univers, ou mes recherches genre «pourquoi je suis discrète ». Encore une fois, un TED Talk m’a inspiré et a ouvert une porte vers d’infinies réflexions et de recherches, jusqu’à tomber sur le MBTI. Et là, bébé, j’y ai trouvé toutes les réponses.
Le MBTI est un indicateur de personnalité issu des travaux de Carl Jung. Je ne vais pas m’étendre ici pour détailler de quel graal il s’agit, j’y reviendrai.
J’avais passé ce questionnaire il y a quelques années, lorsque j’étais en phase de pétage de plomb complet. Je venais de tout quitter, je n’avais plus pied, je ne respirais plus. A ce moment-là, le questionnaire avait été un coup de pouce pour me mettre sur une voie, mais pas à comprendre mon fonctionnement. Ce n’était pas le but et je n’étais pas prête.
Toutes les réponses. Toutes les réponses en 4 lettres, même à la question « Suis-je normale ? ». Ça peut paraitre abstrait de se raccrocher à un indicateur de personnalité, mais je m’y suis reconnue, je m’y suis retrouvée, et aussi, ça m’a rassuré de me dire que je ne suis pas la seule à fonctionner comme ça, qu’il y en a d’autres comme moi.
Pourquoi cette approche-là et pas une autre ? Et bien parce qu’avec 4 paires de préférence, une combinaison de 4 lettres, on trouve 16 types différents. Et autant de profondeur et de complexité dans la combinaison de ces lettres. Je me suis laissée absorbée par cette approche de connaissance de soi, j’ai eu besoin de légitimer cette nouvelle lubie fascinante, et je suis maintenant praticienne en MBTI.
Ce que je traduisais par de la transparence, de l’inexistant dans le mot discrétion, était en réalité une profondeur dans la réflexion, une observation de mon monde pour mieux l’appréhender, et en coaching une présence douce et enveloppante créant une bulle d’intimité, même avec des observateurs et un superviseur dans la pièce, pour laisser le coaché prendre toute la place qui lui est due.
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