Accueillir les signes

C’était un samedi après-midi quand j’ai pris conscience que j’étais coupée de mes émotions. 

Ma fille de 5 ans venait de s’effondrer en larmes dans les bras de sa prof de danse, alors que 5 minutes avant je lui disais « Sois forte comme maman, ne pleure pas ».

Pourtant, j’avais des signes. J’avais perdu 10kg en 2 mois. Je faisais des cauchemars sur des usines de textile qui s’effondraient. J’étais apaisée chaque matin lorsque je me réfugiais dans le RER. Ma bulle. Je me conditionnais tel Rocky en écoutant du rap à la sortie du métro, en marchant d’un pas déterminé pour engueuler par téléphone des fournisseurs à l’autre bout du monde. Je regagnais le RER le soir avec précipitation pour entamer une deuxième journée. J’introduisais la clé dans la serrure avec une profonde inspiration : mode robot activé en mettant un pied dans la maison. Et ma fille « Je ne sais plus quoi faire pour te faire rire maman, j’ai essayé mais tu ne ris jamais ». A ce moment-là, j’avais trouvé le moyen d’être irritée par sa remarque.

Rien de tout ça n’était sain.

Et la voir trouver du réconfort dans les bras d’une personne autre que moi, sa maman, a été un déchirement. Que m’est-il arrivé ?

J’étais prise dans une spirale. Une insatisfaction professionnelle, avec un déséquilibre entre mes valeurs et une utopie bisounours provenant de ma raison. Une insatisfaction personnelle, avec une incapacité à communiquer de peur de rendre malade dans le sens propre du terme. Mais il fallait avancer et faire avec. Un jour après l’autre. Prendre sur soi. Une nuit après l’autre. Et se couper de ses besoins, de mes émotions.

Je me sentais vide, alors je provoquais des émotions par des ressentis physiques. Je réveillais la colère, la tristesse, la peur. Et surtout la colère, qui m’a questionnée « et moi dans tout ça ? ».

Cette question qui parait autocentrée a été salvatrice. L’anxiété m’a d’abord ravagé. Prendre conscience que mes besoins profonds n’étaient pas écoutés, c’était prendre conscience que je jouais un rôle pour satisfaire les autres en m’oubliant. Tout ou presque était à redéfinir en me remettant moi dans l’équation. En apprenant à me mettre dans l’équation. Cette période d’ajustement a été longue et éprouvante. Pour moi-même, mais aussi pour les autres, ceux qui m’ont vu évoluer.

A ceux qui m’ont accompagné dans cette évolution, un merci infini.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *